RIGHT TO DRY !
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Rue Frédéric Benoît, Saint-Jacques-de-la-Lande, Fr.
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Rue Pierre Martin, Rennes, Fr.
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Avenue Sergent Maginot, Rennes, Fr.
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Avenue de Chardonnet, Rennes, Fr.
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Rue Paul Bert, Rennes, Fr.
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Rue Ferdinand, Rennes, Fr.
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Square des Cloteaux, Rennes, Fr.
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Champs de ronces, journal de luttes sans trêves et sans fin - champsderonces@risup.net
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L'expression droit au séchage se réfère à un mouvement né aux États-Unis suite à l'interdiction de faire sécher son linge en extérieur ou de façon visible dans la rue (Right to dry movement). En France, les règles stipulent que l'étendage doit être discret dans les jardins des lotissements, interdisent d'étendre son linge sur la rambarde de son balcon, mais tolèrent les petits séchoirs. Certaines municipalités prennent des arrêtés concernant l'ensemble des habitations de la commune : pour des raisons esthétiques, il est interdit d'exposer son linge aux fenêtres s'il est visible de l'extérieur.
En 2014, Robert Ménard le maire d'extrême droite de la ville de Bézier décide de prendre cet arrêté dès les premières semaines de son investiture. Officiellement, il s'agit de préserver l'esthétique de la ville et valoriser l'architecture des immeubles haussmanniens. En réalité, le centre historique a été délaissé, les logements mal entretenus sont devenus des taudis habités par des populations pauvres. Ainsi, cette restriction visait en particulier les communautés gitanes et maghrébines de la vieille ville délabrée.
Étendre son linge en extérieur serait-il devenu un geste politique ? Tout d'abord, c'est une solution écologique à l'inverse du cycle d'une machine à sécher le linge. Alors que les prix de l'énergie augmentent et que l'heure de la sobriété énergétique est déjà écoulée, favoriser un séchage naturel semble … naturel !
Tout cela serait simple, si l'étendoir n'était pas de ces objets que l'on préfère jeter à la moindre occasion. Un déménagement ? Et voila le séchoir mis aux encombrants ! Malmené, tordu ou rouillé, on en rachète un nouveau. Un étendoir de trop au sein d'un couple sous le même toit ? Chéri·e, je balance mon vieux tancarville ! Un couple qui se sépare, une famille qui s'agrandit ? Autant d'évènements (mal)heureux qui incitera à un nouvel achat. Le parc des étendoirs ne cessera donc jamais de se renouveler.
Leur obsolescence ne semble pourtant pas programmée. Un étendoir tordu peut même devenir une sculpture contemporaine. À moins que ça soit l'inverse ? Dans la culture populaire, un Kundelich (ou koendelietzsche) est devenu le symbole de l'art abstrait grâce au film Les Trois Frères interprêtés par Les Inconnus. Sur le site de vente en ligne de La Redoute, cette recherche aboutit même sur l'ensemble des modèles de séchoirs, de sèches-linges et de machines à laver proposés. Le kundelich pourrait ainsi devenir comme le tancarville : une antonomase, un nom propre devenu mot commun.
Si l'étendoir n'est pas une œuvre d'art, ça reste néanmoins un formidable support lorsqu'il est abandonné dans l'espace public. Le processus consiste à déplier le séchoir, puis, une fois redressé, une banderole est accrochée et l'étendoir devient porte-étendard.
Champs de ronces, journal de luttes sans trêves et sans fin, Juin 2023 - N°4
Champs de ronces est un journal autonome de textes et d'images, politiques et poétiques. Il accompagne les luttes rurales et citadines, et leurs convergences. Il se positionne contre le capitalisme patriarcal, fasciste et mortifère. Contact : champsderonces@risup.net
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