interview by NERDS CAN DANCE

Au début du siècle, mon arrivée à Rennes a été marquée (visuellement parlant) par de grosses affiches marrons sur lesquelles étaient peintes des voitures de profil. La méthode était assez radicale : des gros tampons carrés bien dégoulinant, une seule couleur... illisible à moins d'un mètre. Aucun message sinon : "regarde moi, je suis partout" et de fait, on retrouvait la voiture sur grand nombre de stickers et divers papiers collés (n'importe où). La voiture et d'autres sujets, tous identifiables à travers ce pixel sale, limite désagréable mais marquant comme une signature. Ça ne ressemblait à rien d'autre, ce n'était pas du tag à proprement parler, mais ça marquait bien mieux les esprits que la profusion de signatures stylées dont on a aujourd'hui oublié la plupart des propriétaires. Autrement dit c'était : "street credibility à mort". Le temps a passé (pas trop quand même) et Mardi Noir est toujours là, son style graphique toujours intègre mais en constante adaptation et expérimentation... Mais laissons-le nous raconter ça lui-même :

Quand je suis arrivé à rennes j'ai commencé à investir la rue par des collages, petits au début et puis de plus en plus grands, avec de plus en plus d'affiches en essayant de trouver des lieux improbables. Il y a eu une évolution sur ce point, au début je visais surtout la quantité, je voulais être vu partout et sur plusieurs format, ça allait du sticker à l'affiche. C'était une logique publicitaire : être dans des endroits clefs de la ville, des axes de communication, ce qu'on peut appeler du Street Art au sens pur et dur du terme, du graffiti quoi, avec cette volonté de se faire connaitre. J'ai misé sur l'affichage et sur un effet graphique en guise de signature. Je ne signe jamais mes affiches mais les gens reconnaissent le style graphique.


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(Texte recueilli par Vincent LE HEN) 2010